mardi 15 octobre 2019

Le monte-plat : une métaphore pour notre société de consommation?

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Par Dsdugan -  CC0Lien

On dit que Thomas Jefferson aurait inventé le monte-plat et le passe-plat « rotatif » pour sa résidence à Monticello. Ces appareils étaient non seulement pratiques, mais permettaient aussi à Jefferson de soustraire à la vue de ses invités les nombreux esclaves qui avaient préparé leur repas. Le bédéiste Stuart McMillen reprend cette histoire et dresse un parallèle avec notre système de production et de consommation mondial. Beaucoup de choses se cachent derrière les beaux bidules rutilants qu’on nous présente sur les étalages des commerces (où les pages d’Amazon) : exploitations des travailleurs, destruction des écosystèmes, surconsommation, etc.. La distance croissante entre ceux qui produisent  et ceux qui achètent fait en sorte que ces phénomènes sont soustraits à nos aux yeux de consommateurs et ne viennent pas entacher le plaisir, si éphémère, que nous procure nos nouvelles « bébelles ». Le consommateur doit activement chercher à voir se qu’on lui cache, nous enjoint McMillen. C’est vrai que l’information est de plus en plus disponible, parfois même surabondante pour ceux qui se donnent la peine et que de plus en plus de choix « éthiques » s’offrent à nous. Mais certains soulignent que les consommateurs ont le dos peut-être un peu large.

vendredi 11 octobre 2019

Interdiction de la reconnaissance faciale pour les policiers en Califonie

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Source : Wikimedia commons
Après plusieurs villes américaines, c’est au tour de la Californie d’interdire l’utilisation de la reconnaissance faciale par les forces policières. Cette interdiction ne porte par contre que sur les caméras d’intervention (body cams). L’utilisation de la reconnaissance faciale par la police soulève plusieurs enjeux. Il y a évidemment des questions liées à la protection de la vie privée, mais on souligne aussi que la technologie n’est pas très fiable et génère beaucoup d’identifications erronées (faux positifs), surtout chez les femmes, les jeunes et les minorités visibles. En août, l’ACLU a fait la démonstration de ce problème en utilisant le système de reconnaissance faciale d’Amazon sur les photos de 120 législateurs californiens. 26 d’entre eux ont été erronément « reconnus » comme  des délinquants fichés par la police.

Du côté de Montréal,  à la suite d’une demande de moratoire, le conseil municipal a demandé à la Commission de la sécurité publique d’étudier la question de l’utilisation de la reconnaissance faciale par les policiers et d’émettre des recommandations.

(Merci à Michel Lejeune de m'avoir mis sur cette piste).

jeudi 10 octobre 2019

La théorie de l'évolution des espèces n'est pas un bon modèle pour le développement des technologies

Evolution of man and technology
Source : Wikimedia commons

 Le développement des technologies est-il un phénomène naturel, comme l’évolution des espèces? C’est un argument que l’on entend souvent, surtout de la part de ceux qui participent à ce développement (ou en profitent), surtout lorsqu’ils ont à défendre leurs actions. Cette forme de déterminisme technologique ne tient pas la route, nous rappelle Rose Eveleth dans Vox :
Technologists’ desire to make a parallel to evolution is flawed at its very foundation. Evolution is driven by random mutation — mistakes, not plans. (And while some inventions may indeed be the result of mishaps, the decision of a company to patent, produce, and market those inventions is not.) Evolution doesn’t have meetings about the market, the environment, the customer base. Evolution doesn’t patent things or do focus groups. Evolution doesn’t spend millions of dollars lobbying Congress to ensure that its plans go unfettered.
Le danger de cet argument est évidemment de nous faire croire que les changements technologiques, à défaut d’être toujours positifs, sont inévitables et qu’il serait inutile de s’y opposer (comme nous le rappelaient si bien les Borg dans Star Trek).

mercredi 9 octobre 2019

La grève de 1936-37 et les débuts d'United Auto Workers

Les ouvriers en grève 
chez GM (Wikimedia
Commons)
Alors que la grève des travailleurs de GM en est à son 24ejour, faisons un retour sur l’événement qui a fait de l’UAW (United Auto Workers) une puissance syndicale : la grève d’occupation chez GM à Flint, au Michigan, en 1936-37. À l’époque, l’UAW est un petit syndicat nouvellement créé qui ne fait l’objet d’aucune reconnaissance de la part de GM. À la fin de 1936, les ouvriers de GM à Flint déclarent la grève et occupent les installations de la compagnie. Après un conflit mouvementé de plusieurs semaines, GM et le syndicat parviennent à un accord qui ne comporte qu’un seul élément : la reconnaissance de l’UAW comme négociateur exclusif auprès de GM pour ses membres. C’est une des grandes victoires du mouvement syndical aux États-Unis. Un balado de l’excellente émission Planet Money (ci-dessous) dresse les grandes lignes de cet événement.